Droits d'auteur des animateurs japonais et upload de dessins sur Twitter.

 



NISHII Terumi continue de discuter avec UEDA Masuo, ancien président de A-1 Pictures et d'Aniplex.

Là, elle parle notamment de droits d'auteur, expliquant que les animateurs n'ont pas de droits d'auteurs sur leurs dessins, et c'est pour ça qu'ils sont retouchés sans problèmes par un directeur d'animation, ou que lorsque les dessins sont réutilisés, ils ne touchent pas d'argent dessus.

Le producteur explique que cela peut dépendre des négocations entre les clients (les studios / comités de prod / ceux qui commandent l'animation) et les animateurs. 

Si c'est une œuvre originale avec création totale de design, c'est normal que les artistes touchent des droits dessus (ou devraient toucher...), contrairement à une œuvre adaptée par exemple.


Elle aborde aussi un point intéressant qui ne concerne pas que les animateurs japonais.

Récemment, plus d'animateurs (-trices) internationaux peuvent travailler sur des productions japonaises. Et ceux-ci mettent sur Twitter leurs dessins, leurs poses clés.

Les animateurs japonais, en général, eux se retiennent de le faire, et n'apprécient pas forcément de voir les autres agir de la sorte.

L'ancien producteur réagit d'abord en disant qu'il est surtout primordial de savoir s'ils ont demandé l'autorisation ou non, s'ils en ont discuté ou non avec leurs clients.


Si les animateurs japonais se retiennent de le faire, c'est que souvent, il n'y a pas de volonté de montrer spontanément un résultat intermédiaire, une étape de la production. C'est souvent une règle tacite, implicite de l'industrie japonaise, il n'y pas besoin de l'écrire noir sur blanc dans une NDA ou un contrat, pour que ce soit intégré.

Parfois, cela peut être spécifié à l'oral explicitement d'éviter cela.

Et c'était plutôt quelque chose d'évident à ne pas faire.

Les animateurs qui ne sont pas Japonais, ont tendance à moins s'en faire, et à partager plus spontanément ces éléments.

C'est pourquoi il faudrait peut-être être plus explicite pour éviter que ce soit injuste envers certains.


L'animatrice continue en disant qu'il y a de nombreuses règles tacites du genre dans l'industrie de l'anime.

Ceux qui travaillent sur ces projets savent d'instinct, en gros, qu'il y a des choses à ne pas faire. Notamment car ils ont intégré la conduite de leurs aînés, si un tel avec plus d'expérience ne fait jamais ça, il vaut mieux faire comme lui, et éviter de le faire également. C'est un moyen d'éviter de s'attirer tel ou tel reproche.

Ainsi, même sans contrats, sans mentions spécifiques, les animateurs vont plutôt se dire de ne pas le faire.

En revanche, il y a aussi la culture du dôjinshi

Quelque chose en zone grise, généralement ignoré comme étant mineur.

Mais si cela se généralise, par exemple à l'international, et que cela devient hors de contrôle, il faut alors donner des limites et des règles plus claires.


Pour le producteur, le critère principal quand on publie ce genre de contenus, c'est de savoir quel profit celui qui le publie pourrait en retirer.

Si c'est pour rediriger vers son site web, sa page Youtube pour faire des views (et en tirer des revenus), si cela devient un business, cela posera forcément problème pour ceux qui ont commandé ce travail à l'animateur et l'ont payé pour.

Dans un but de commercialisation, de profit personnel, il faut alors en parler, obtenir l'autorisation ou négocier avec les personnes adéquates pour que tout le monde soit d'accord.


Si c'est simplement pour dire qu'on a travaillé sur cette œuvre, qu'on fait ça, cela ne devrait pas poser de problèmes en général.

Mais cela peut varier en fonction des sociétés, des clients, qui parfois ne voudront pas montrer une étape intermédiaire avant corrections / finitions.

Cela peut-être spécifié par contrat.

A priori, les Japonais ont tendance à être moins exigeants à ce niveau que d'autres pays, par exemple sur des productions / coproductions américaines.


Ensuite, elle rappelle qu'acheter des goods pour soutenir les animateurs n'est pas pertinent, car ce n'est pas comme ça que ça fonctionne.

Du moins pas directement. Sur un goods, l'animateur ne touchera pas directement d'argent supplémentaire.


Les goods, la diffusion etc, permettent aux producteurs de récupérer l'investissement (voire faire des bénéfices ensuite) pour éviter dans un premier temps d'être dans le rouge et de lancer un nouveau projet.

Acheter des produits dérivés, des dvd, etc. contribue donc à soutenir l'industrie, mais pas les animateurs et les artistes directement.

Mais si personne n'achète plus de goods, ne regarde plus rien, le système s'effondre et il n'y a plus de projets qui se lancent, et plus de travail pour les animateurs ainsi que les autres artistes.


 

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