Des fois, l’Éternité, c’est un peu long. (Spoilers)
Marvel essaie de relancer la machine de sa nouvelle phase,
un peu laborieusement. Si ce n’est pas désagréable, cela manque pour le moment un
brin d’envergure.
Et pourtant Eternals est censé nous lancer dans une phase cosmique totalement Kirbyenne du MCU. Avec une réalisatrice oscarisée, Chloé Zhao, certains ont même cru que ce serait un film d’auteur.
Il faudrait pas voir à pousser Captain Marvel dans les orties.
Dans un beau morceau de quasiment 2h40, l’histoire a beaucoup à raconter avec pêle-mêle dix origin stories, (et donc dix expositions, dix arcs narratifs, spoiler, tous ne sont pas développés), l’explication de l’Univers, la Vie, et tout le reste, Darwin, et les pyramides, avant même les Pierres d’Infinités, quand c’était mieux avant.
Dix
personnages principaux, des dieux cosmiques, deux personnages secondaires pas anodins, quasiment aucune référence à ce qui a déjà été développé dans le
MCU, et aucun Avenger ne semble vraiment affolé à la fin du film par les
événements cosmiques qui s’y déroulent pourtant et auquel nul Terrien n’a pu échapper.
C’est aussi un film qui fait une pause pour le moment sur le
thème du Multiverse pour développer ce qui se passe dans notre univers.
Le long métrage a plutôt un bon capital sympathie, ne se prend pas
trop au sérieux par moments, avec des sidekick comiques plutôt bon enfant.
Le tout se débat pour poser de la démesure un cadre beaucoup
moins « terrestre » que Black Widow par exemple, mais a parfois du mal
pour engendrer une perspective historique et nous faire croire que ces
personnages ont traversé l’histoire entière de l’humanité. Le récit se dilue un
peu dans toutes les directions qu’il veut prendre. Ce devrait être une chronique époustouflante de profondeur devant la richesse de l'expérience des héros, si ce n'est le personnage d'Angelina Jolie qui tourne autour de cela, les autres ne croulent pas sous le poids de leurs souvenirs.
Le récit se ressaisit par moments avec quelques réflexions rafraichissantes
sur la position classique du héros en leur donnant un côté moins monolithique
que d’habitude, ou en réfléchissant sur leur humanité.
L’équipe est également très diversifiée, avec un effort de représentation,
on a pas que dix mecs blancs hétéro en collants pour une fois.
Mais dans les côtés qui fâchent un peu plus, il y a des CGI
souvent cheap, très lisses qui manquent clairement d’un côté organique, tirés
de WOW ou je ne sais quel monde de fantasy. Si on est loin du naufrage
des Inhumans, le spectre du traumatisme plane tout de même pas très loin.
Il y aussi le scénario un brin pété quand même, avec des Eternals,
pas vraiment éternels en fait, et qui au bout du compte sont tout de même
intervenus tout au long de l’histoire humaine, mais Thanos, non, fallait que l’humanité
se démerde elle-même, comme l’explique une scène en début de film.
Bref, pas foutu de tenir plus de dix secondes leurs directives primordiales...
Preuve en est du foutoir du film qui met en PLS les pontes des studios, s'inquiétant de la compréhension du public, c’est le seul film du MCU qui doit s’ouvrir
avec un carton d’explication…
Les motivations des persos sont pas toujours très claires comme
le membre qui peut contrôler les esprits qui décide de ne pas aider ses
camarades à éviter une destruction planétaire quand il se rend compte qu’on l’a
un peu mené en bateau pendant 7000 ans, et donc préfère passer ses derniers
instants sans rien faire (dans un premier temps…)
Ou encore le personnage de Kingo qui décide de suivre le « méchant »
de la bande en faveur de la destruction planétaire et disparaît tout simplement du
climax qui pourtant fonctionne sur l’union du pouvoir de tous les Éternels ensemble…
Avant de réapparaître comme une fleur tranquille durant la conclusion : « Désolé
les gars, j’étais parti tourner un film à Bollywood, j’ai manqué quelque chose ? »
L'héroïne principale qui se fait poignarder par une de ses amies, qui change la lame en eau, et c'est bon, ça s'est refermé ! Pas de soucis pour aller sauver le monde et pas de rancune.
Bref, ça sent le montage, le charcutage, trop de trucs à
rentrer, une réal « autrice » rentrée au forceps dans le moule MCU peut-être ?
Pas un mauvais moment, mais rien d’inoubliable, alors que le
film devrait être un pivot vers les prochaines aventures des héros en collants.
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