Sympathy for Mr. Vengeance


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Quelques pensées en vrac sur le Batman...

Je partais pas avec un a priori super positif sur cette nouvelle itération du justicier encapé version "Teen Spirit" avec une bonne dose de The Cure, très ado, très emo...

Au début, les clichés font que c'était pas gagné, mais l'ouverture assez réussie permet d'installer un peu d'ambiance.

Le film naviguera toujours un peu entre les deux, entre son "Something in the way" ado un peu pataud, des tics de réals comme ses plans "Go-pro" sur les visages des personnage, ou ses plans cam' fixés à un essieu ou autre pour donner un point de vue fixe...

Des plans qui s'attardent quelques images de trop sur un gros plan ou autres...

Après, on met le tout sous la flotte et de nuit, comme ça, on aura pas trop à se prendre la tête sur la lisibilité.

La direction artistique rouge / sombre, laisse vite la place à l'orangé habituel en général.

Le film essaie de digérer toutes les itérations précédentes plus ou moins consciemment retombant parfois sur les mêmes résultats.

Des violons miaulant pour Catwoman, super original, des plans généraux de la ville, Gotham ressemblant désormais vachement à Manhattan quand même, avec une grosse voix de narration à la Nolan. Des personnages entre le presque cartoon ou le super réaliste dérangeant (un mec préparant sur le net une attaque terroriste un jour d'élection...).

De base, la formule du Batman très réaliste qui veut se faire toujours plus sombre et torturé a un peu vécu, le début du film a du mal à dépasser cette ornière pour arriver à se renouveler.

Si on nous évite une exposition classique de l'origin story en début de film, tout le long métrage n'est qu'une enième origin story qui ne s'avoue pas totalement. On a l'impression qu'ils ne savent pas trop quoi faire de leurs persos...

The Batman met d'ailleurs très longtemps à incarner ses personnages en plus que leurs identités de super-héros et leur donner enfin un peu de consistance.


Pour la distribution : 

R. Pattinson en Batman, pourquoi pas. Il assume son maquillage emo autour des yeux, ou le fait de se balader avec son costume de Batou dans son sac à dos. Le rendu cuir, cousu main du costume fait parfois plus plastique latex que le rendu bricolage artisanal voulu...

En tant que Bruce Wayne, vu que le personnage n'existe quasiment pas, c'est aussi un des propos du film, Bruce est consumé par la vengeance et n'existe que pour Batman, on a du mal à dire en fait...

Batman est souvent impuissant, mené par le bout du nez par le Riddler, pas franchement subtil pour ne pas dire carrément bourrin.

Ce qui est sûrement voulu dans le début de sa carrière de super-héros et dans le cheminement que le film met en scène. Après, pas sûr, mais j'ai eu l'impression que les Bat-Oreilles grandissaient au fur et à mesure du film...

Zoe Kravitz pour Catwoman, honnête mais le personnage est un peu plat, pas ultra-félin, on se dit qu'ils ne savent pas trop quoi lui faire faire avant les deux-tiers du film...

Le Riddler dont je m'étais fait spoiler l'identité sur le net comme ça au détour d'une pub, rien de bien grave, mais bon.

Là encore, insupportable avec son masque, dès que l'humain ressurgit, l'acteur arrive à en tirer quelque chose.

Colin Farrell en tant que Pingouin... Je ne l'ai absolument pas reconnu, en ce sens, c'est une performance. Je n'y ai vu qu'un croisement entre une parodie de De Niro mafieux et du Pingouin de la série TV. En tant que personnage dans le film, il ne sert pas à grand-chose, n'est pas menaçant, pas machiavélique...

John Turturro, c'est toujours un plaisir de le voir à l'écran, même si les histoires de mafieux qui contrôlent Gotham font partie des points assez nébuleux du scénario, on a du mal à identifier qui est qui.

Andy Serkis, malheureusement assez anecdotique en tant qu'Alfred, il ne sert que d'accroche familiale à Bruce, à l'humaniser un peu. Si ce n'est une scène où le comédien peut s'exprimer un peu, il n'est clairement pas aussi marquant que ses prédécesseurs.

Jeffrey Wright, (Bernard dans Westworld) fait un très bon Gordon, tout de suite sympathique et cool à suivre.


Il y a des petites surprises qui marchent bien pour peu qu'on se fasse pas spoiler, le fait que la mère de Bruce soit appelé Martha Arkham, ou une Batmobile moins tank, plus nerveuse et plus sportive très classe, qui fait voiture de course modifiée plus que véhicule militaire.

À la fois très sombre et réaliste, il y a parfois un côté vintage, cartoon amusant dans le film, et un troisième acte clairement différent du début du film, plus classique.

Un scénario sevenesque classique, sympatoche sans être révolutionnaire, une résolution pour Batman qui le fait grandir un peu de manière intéressante. Des clichés avec des personnages qui devraient s'être brisés tous les os du corps après une chute ou un tonneau en voiture, ce genre de choses...

Sa musique est parfois efficace, parfois là simplement pour préparer un jumpscare maladroit...

Pas une catastrophe, mais probablement un Batman relativement sage, qui ne sait pas trop quoi faire de ses personnages en fait.

Il est pris par son métrage gigantesque, son cul entre deux chaises constant, sauvé par quelques propositions chouettes. Mais le côté mal équilibré et finalement assez pépère fait que sans doute, il sera relativement vite oublié, n'ayant pas tenté une approche complètement différente de ses prédécesseurs.

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