Le Château solitaire dans le miroir


 

    À 65 ans, HARA Keiichi est loin d'être un petit nouveau, jeune réalisateur prometteur qu'on découvre plein d'espoir.

    Après un Wonderland, le royaume sans pluie, sympathique mais oubliable, la preuve, on en a quasiment tout oublié, et ce n'est pas le titre mis en avant dans la communication de son nouveau film, il revient à un sujet qu'il maitrise sur le bout des doigts : la dépression et le mal-être adolescent.

    Le château solitaire dans le miroir est un film qui lui a été proposé par un de ses producteurs, adaptation d'un livre de Mizuki Tsujimura, où il retrouve le chara-designer Ilya Kuvshinov et le directeur artistique Takashi Nakamura décédé subitement en début de production et auquel le film est dédié. 


    Hara projette son héroïne, Kokoro, sans ménagement, (d'aucuns dirait qu'il n'a pas de cœur) (huhu) dans un château mystérieux en compagnie de six autres ados, le tout chaperonné (re-huhu) par un grand méchant loup, la Reine Louve, qui leur indique qu'ils ont une année scolaire pour trouver la clé de la pièce secrète qui leur permettra de réaliser un de leurs vœux.

    Le réalisateur opte, à dessein, et comme à son habitude, pour un rythme très tranquille durant le premier acte du film, et comme ses protagonistes, perd un peu son temps à jouer, à se prélasser en silence, sans oser poser les bonnes questions ou en jouant la montre. Le film se réveille ensuite comme des élèves qui auraient oublié de faire leurs devoirs de vacances et se retrouvent pressés par le temps pour tout dérouler et enchainer quelques twists assez prévisibles, le film arrivant malheureusement après plusieurs autres titres majeurs qui ont tiré les mêmes ficelles.

    Le final arrive à être touchant, à grand renfort de musique symphonique, même si le film n'est pas entièrement équitable sur les résolutions des parcours des différents personnages.

    Sans être excessivement dur sur les violences que subissent les personnages, à part deux scènes bien angoissantes, le réalisateur préfère laisser aux personnages le temps de s'ouvrir et de se dévoiler, quitte à ce qu'ils ne se dévoilent pas vraiment, car s'ils ne disent rien, on ne peut rien savoir d'eux... Et les adultes trop pressés ne se doutent rien, pas vraiment enclin à les écouter sérieusement.

    Le film est très joli, mais cette partie de pseudo-loup-garou en huis-clos ne se prête pas vraiment à l'époustouflant et au tapageur. Le tout reste modeste et subtil, comme l'expression de ces personnages qu'il faut saisir pour arriver à comprendre les épreuves qu'ils ont traversées.

    Plus convaincant que Wonderland, et plus dans la zone de confort du réalisateur,  Le château solitaire dans le miroir n'atteint néanmoins pas le brio des précédents films de Hara.


    Pour ceux qui sont intéressés, il vaudrait mieux se dépêcher, après deux semaines discrètes, le film, et ses presque 200 copies, ne risquent pas de rester à l'écran bien longtemps.


Le Château solitaire dans le miroir

En salles depuis le 6 septembre, distribué par Eurozoom

© 2022 “Lonely Castle in the Mirror” Film Partners


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