Soirée monstrueuse

 N'ayant pas peur du grand écart, ce soir, c'était rattrapage de deux mastodontes que j'avais loupés en fin d'année : 

Le dernier Kore-eda Hirokazu, et la dernière itération du roi des monstres.

 

Tout d'abord, L'innocence, ou Kaibutsu en VO, de Kore-eda, qui a valu un prix à Cannes au film pour son scénario.

Dans la campagne japonaise, près du lac Suwa dans les environs de Nagano, me précise-t-on, Mugino vit seul avec sa mère (interprétée par ANDÔ Sakura), et essaie de composer avec sa vie de collégien, les brimades, les profs, les copains. Chacun vit les événements bien à sa manière, les adultes et les enfants vivant presque dans deux réalités parallèles. 


Le titre français est donc L'innocence, ce qui peut coller très bien à une thématique du film, mais s'éloigne de la connotation du titre VO, Kaibutsu, le monstre, sachant que les personnages, et les spectateurs, passent tout le long du film à se demander qui est le vrai monstre dans tout ça.

Alors, c'est pas joyeux, joyeux, hein, ça montre bien certains effets pervers de la pression de groupe à la japonaise et la difficulté de vivre pleinement dans cette société, mais sinon, c'est du pur Kore-eda, des enfants, (dont la bouille adorable dès la première image d'un des deux jeunes protagonistes HIIRAGI Hinata), la campagne japonaise, des tempêtes purificatrices...

Encore une fois, le réalisateur dirige ses comédiens admirablement bien, d'une délicatesse et d'une humanité confondante avec une maestria dont peu de ses congénères peuvent se vanter, comme on va le voir par la suite.



La structure du film qui nous balade un peu pour reconstruire le puzzle du récit à la limite du thriller est aussi très bien foutue, ne nous révélant ses thèmes qu'au fur et à mesure. D'ailleurs, le trailer, en dit limite un peu trop... Il y a bien quelques longueurs, mais c'est un tour de force.

On oublie pas aussi les musiques de SAKAMOTO Ryûichi auquel le film est dédié.

Hop, en bonus, un lien vers une de mes interviews du réalisateur, pour un de ses films précédents, comme ça, ça mange pas de pain :

ITW Notre Petite sœur

Si la force du film de Kore-eda repose sur ses comédiens brillamment dirigés, enchainer sur Godzilla Minus One, en toute logique, ça fait un peu mal à ce niveau.


Car la vraie star du film, c'est bien le gros lézard, imposant, effrayant, qui blaste Ginza et la baie de Tokyo à tout va à grand coup de musiques symphoniques. Jouissif et imposant.

Par contre, pour le reste, c'est plus compliqué.

On retrouve dans un rôle secondaire, de manière amusante, ANDÔ Sakura dans un rôle secondaire, antipathique à souhait.

Mais là où on frôle la catastrophe industrielle, c'est le miscast total de l'ikemen de service, KAMIKI Ryûnosuke. 

Dieu qu'il est mauvais, au mieux, en étant indulgent, passable, quand il fait le héros sérieux, mais dès qu'il doit exprimer une émotion autre, ça fait mal.

La faute aussi sûrement à son réalisateur, YAMAZAKI Takashi, qui a pu faire notamment le sympathique, mais un peu étrange, film en 3D de Lupin III: The First en 2019.

Clairement, il est plus à l'aise avec sa grosse bestiole en FX qu'avec ses comédiens. À part dans quelques rares occasions où il pousse le curseur du surjeu assez loin pour être un brin sarcastique, quand il essaie de faire du sérieux, ça tombe à plat et c'est limite pénible, sans parler de son scénario cousu de fil blanc avec ses gros sabots et ses twists feelgood bien ridicules.

Si on omet le rôle principal, on passe plutôt un bon moment, mais malgré le côté réjouissant de voir un film de gros monstre avoir un peu de succès, j'ai quand même l'impression qu'on me l'a un brin survendu ce film.

Il méritait en effet plus qu'une mini-sortie sur 2 jours, mais c'est quand même pas le film du siècle sur sa globalité, ou alors, il fallait que Godzilla bouffe le protagoniste dès l'intro, là, on serait parti sur autre chose...


L'innocence, réalisé par Kore-eda Hirokazu, en salles depuis le 27 décembre, distribué par Le Pacte 

©2023 Monster Film Committee


Godzilla Minus One, réalisé par Yamazaki Takashi, en salles jusqu'au 31 janvier, distribué par Piece of Magic Entertainment

©2023 TOHO CO.,LTD

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